ARTICLE SUR l'Italia 11.98
Au premier abord, ce cruiser/racer semble curieusement en désaccord avec lui-même - jusqu'à ce que vous preniez la barre. Matthew Shehan navigue sur l'Italia 11.988
J'ai un toucher doux pour un bateau bien équilibré, avec une sensation de légèreté et la possibilité de changer de vitesse facilement. Qu'il s'agisse d'un bateau de croisière ou de course, les performances et la maniabilité sont la , à mon avis, des aspects essentiels dans toute conception. Et bien que les aménagements soient importants, ce qui se passe sous le pont vient toujours en second dans mon choix.
Il n'est donc peut-être pas surprenant que l'Italia 11.98 et moi nous soyons entendus aussi rapidement. C'est un bateau qui est doux et léger à la barre, réactif et confortable à diriger. C'est le genre de bateau où le pilote automatique est peu utilisé et où la principale cause de tension au sein de l'équipage provient du fait que quelqu'un a monopolisé la barre.
C'est aussi un bateau qui, grâce à son équilibre, est aussi amusant et gratifiant à naviguer dans des conditions légères que lorsque la brise se lève. Mais c'est aussi un bateau qui est très déroutant.
Cela peut sembler un cliché, mais dès la première fois que j'ai vu Italia 11.98, il y avait quelque chose de vraiment séduisant, je n'arrivais pas à comprendre ce que c'était. Quand on voit le 11.98 pour la première fois, on pense qu'on l'a compris : c'est clairement un croiseur/course moderne. Mais peu à peu, vous remarquez des détails qui semblent suggérer qu'il n'est peut-être pas si moderne que ça. Et puis vous commencez à vous demander s'il s'agit vraiment d'un croiseur...
Par exemple, quel croiseur moderne aujourd'hui a une largueur maximum au milieu du bateau avec une coque pleine et arrondie qui roule sous le bateau pour former des topsides fortement évasés à l'arrière ? Et puis il y a ce bouchain bizarre vers l'arrière qui ressemble à un pli de dernière minute pour assurer que la coque rencontre le pont. Vu d'une façon, il a l'air très cool, vu d'une autre, daté. Alors, que se passe-t-il ?
Le nom ne vous dit rien, si ce n'est sa longueur, alors que la brochure décrit l'objectif de la société comme étant de créer "des yachts élégants pour naviguer rapidement, en toute sécurité et confortablement par tous les temps". Pour être honnête, je l'avais déjà deviné.
Pourtant, après avoir testé un grand nombre de bateaux dans toutes sortes de gammes et de styles au fil des ans, je constate que de temps en temps, un bateau me prend la tête sans raison apparente. L'Italia 11.98 est l'un d'entre eux et, en creusant un peu plus l'histoire de ce bateau, j'ai commencé à comprendre pourquoi.
Assembler le puzzle
Dans le monde actuel, où les apparences choquantes sont devenues un outil de vente tout autant qu'un moyen d'atteindre le bon prix, il existe un thème pour le look contemporain. Une étrave à l'aplomb ou inversée, des sections entières à l'avant qui s'ouvrent sur des topsides en dalles, une échine agressive et des safrans jumelés font souvent partie du mélange moderne.
D'autre part, certains détails de conception sont aussi compatibles que les pièces de puzzles séparés qui n'étaient tout simplement pas destinées à s'emboîter. Une quille moderne en plomb, des hublots racés, inclinés et sans cadre qui étaient populaires dans les années 1990, une poupe inversée du catalogue de bluewater cruisers, des sections évasées à l'arrière de la scène du grand prix et une quille à aileron et à bulbe en T ne fonctionneront certainement jamais comme un tout.
C'est pourtant exactement ce qu'a fait Italia Yachts avec son 13.98. Un modèle qui s'est avéré être un croiseur à l'allure époustouflante, récompensé par de nombreux prix. Le message est clair, ce modeste constructeur italien de Chioggia, près de Venise, fait les choses différemment.
En 2013, deux ans seulement après la création de la société, le 13.98 a enfreint toutes les règles et est reparti avec quatre titres majeurs, dont le prestigieux prix du Yacht européen de l'année dans la catégorie des yachts de luxe. Quelques années plus tard, à Barcelone, un Italia 9.98, Low Noise II, a remporté sa classe lors des championnats du monde de l'ORC et les têtes se sont immédiatement tournées.
L'année suivante, un autre 9.98 remportait à nouveau le titre de champion du monde de l'ORC alors que l'équipe néerlandaise de Bachyachting Racing rentrait chez elle avec l'argenterie. Pour une société qui s'était spécialisée dans les croisières de performance, elle était désormais sous les feux de la rampe et les cinq premiers résultats aux championnats du monde de 2017 et 2018 ont prouvé que les succès antérieurs de la société n'étaient pas un hasard.
Le 9.98 était principalement destiné à la course en Méditerranée, et l'un de ses principaux atouts était sa capacité à changer rapidement de vitesse lorsque les vents notoirement faibles s'installaient dans des conditions plus fortes, et vice versa. Et bien que ce soit clairement une recette pour le succès d'un bateau de course, ceux qui étaient à la base pensaient qu'une boîte de vitesses sophistiquée et sans couture était également un atout pour un croiseur.
C'est pourquoi, lors de la conception de l'Italia 11.98, plusieurs des principales caractéristiques du 9.98 ont été incluses. A peine le premier 11.98 avait-il été lancé en 2019, que la société était de retour sur la scène mondiale, puisque Sugar 3 d'Ott Kikkas avait remporté les championnats du monde de la CRO en Croatie, au sein d'une flotte très compétitive de 50 bateaux.
Que ce soit pour la course ou la croisière, le designer Matteo Polli, ainsi que l'équipe de design interne d'Italia Yachts, estiment qu'un bon bateau méditerranéen doit avoir une traînée minimale et une faible surface mouillée. Pour y parvenir, il faut maintenir une ligne de flottaison courte et une largeur de ligne de flottaison étroite, ce qui permet une entrée en douceur à l'avant, un porte-à-faux à l'arrière et des sections arrière qui se replient rapidement sous le pont, d'où l'évasement.
Ensuite, avec des lignes plus pleines au milieu du navire et les extrémités pointues qui en ont résulté, l'Italia 11.98 a été équilibré autour du milieu, ce qui facilite l'assiette avant et arrière et permet de soulever les sections arrière traînantes hors de l'eau dans les petits airs. La forme complète des sections au milieu du bateau permet également d'obtenir rapidement un moment de redressement lorsque la brise se lève et que le bateau gîte, ce qui permet au 11.98 de s'incliner vers l'arrière.
Ces lignes classiques sont enveloppées dans un style moderne qui donne une section sous-marine qui semble bien plus remplie que ce que l'on pourrait attendre d'un design moderne.
Sur le pont et en cours de route
Une fois que vous avez vu cela, il est plus facile de repérer les indices physiques sur et sous le pont qui indiquent cette forme de coque raffinée. Le plus évident est la mèche du gouvernail, qui est plus avancée que ce à quoi on s'attendrait à bord d'un croiseur/course typique et qui fait en sorte que le haut du gouvernail unique (oui, unique) ne s'approche jamais de la surface de l'eau où il pourrait aspirer de l'air et caviter, augmentant la traînée et réduisant le contrôle. C'est une contribution essentielle à l'excellente sensation de la barre.
Sur la version standard, l'Italia 11.98 est équipé d'une barre franche (les doubles roues sont en option), ce qui illustre bien la distance d'avancement du gouvernail lorsque la position de la barre est proche des winchs primaires.
Ailleurs, la disposition est assez standard. Le système d'écoute de grand-voile allemand se trouve juste devant chacune des roues jumelées et à portée de main du barreur et du régleur d'écoute de grand-voile. Le cockpit lui-même est large et spacieux, avec la possibilité d'installer ou de retirer une paire de coffres de cockpit selon que vous êtes en course ou en croisière. Devant ceux-ci, les winchs principaux et les winchs de stand sont à leur place habituelle.
En ce qui concerne le plan de voilure, un gréement fractionné de 9/10e est utilisé avec deux barres de flèche poussante, un gréement discontinu et une base de plaque de chaîne sur toute la largeur. Pas de surprise à ce niveau, mais c'est la répartition subtile de la surface de voile qui contribue à l'équilibre soigneusement planifié de ce bateau.
Pour y parvenir, le plan de voilure à rapport d'aspect élevé, avec sa voile d'avant à recouvrement minimal, comprend une grand-voile avec une mini-tête carrée qui, combinée à un rond de chute décent, permet à une grand-voile de bonne taille de fonctionner avec un seul pataras.
La spécification standard comprend un mât et une bôme en alu et un gréement en fil 1×19, qui est 40 kg plus lourd que la version Axxon à espars en carbone. Oui, le composite coûte 37 400 euros de plus, mais il serait sûrement malvenu d'entraver un bateau qui a tant à offrir avec l'équivalent moteur d'un jeu de rechapages bon marché plutôt qu'avec le jeu sportif de pneus à profil bas sur de larges jantes en alliage que ce bateau mérite.
Pendant que vous cochez les cases d'option, il serait bon d'inclure le bout-dehors fixe en carbone. Cela ajoute 5 000 euros, mais vous en aurez besoin pour faire voler vos voiles. (Ceux qui régatent sur l'Italia 11.98 ont trouvé le succès en portant à la fois des voiles symétriques et asymétriques).
Dans des vents faibles qui ont commencé à 5 nœuds, nous avons glissé à 3,8 à 4,0 nœuds au vent. Lorsque la brise a commencé à se former lentement et que 6 nœuds ont glissé à la surface de l'eau, nous avons fait correspondre la vitesse du bateau avec celle de l'A2 et nous avons déclenché le bout-dehors fixe en pressant tout ce que nous pouvions à environ 110° vrai.
À partir de là, la brise s'est progressivement formée jusqu'à un pic d'environ 10 nœuds dans les rafales, nous donnant l'occasion d'atteindre 7,0-7,5 alors que nous abaissions la proue de quelques degrés, l'angle du vent apparent commençant à s'orienter davantage vers l'avant.
Bien sûr, de telles conditions ne révèlent pas ce que serait Italia 11.98 à plus de 20 nœuds dans une mer raide et déferlante à l'approche d'un empannage fatidique, mais la possibilité de régler l'équilibre à la barre si facilement a fourni une indication aussi bonne que je pouvais l'espérer.
Depuis le poste de barreur parfaitement agencé sur le pont latéral, derrière l'une ou l'autre des roues jumelées, vous pouviez sentir l'équilibre entre vos doigts et dirigé l'Italia 11.98 avec aisance. Dans les angles serrés et au moins au vent, avec un curseur d'écoute de grand-voile qui traverse presque toute la largeur du cockpit à portée de main, vous pouvez régler ce bel équilibre et sentir les résultats instantanés.
Un problème qui m'a laissé des sentiments mitigés était l'antidérapant sur le pont qui, tout en étant très efficace, était aussi assez agressif. Cela dit, le fait de pouvoir se déplacer en toute sécurité était un avantage rendu plus facile par les bonnes proportions du cockpit et la présence de moulures peu profondes sur le pont.
Sur le plan de la construction, il y a peu de choses qui sortent de l'ordinaire. La coque et le pont sont en stratifié verre/vinyle ester posé à la main, avec un noyau en mousse de 30 mm. Sous la ligne de flottaison, un stratifié solide court le long de la ligne centrale et autour des zones de la quille et du gouvernail. Les principales charges structurelles sont supportées par une sous-structure composite qui comprend des éléments unidirectionnels en carbone pour certains des principaux éléments structurels.
Tout sauf ordinaire
J'aurais pu penser que je ne me souciais pas trop de l'aspect du logement, mais c'était avant que je ne le voie pour de vrai. Une fois de plus, les plans d'aménagement ne vous préparent pas beaucoup. Une configuration symétrique conventionnelle avec des cabines doubles à l'arrière, une cuisine à bâbord et un poste de navigation à tribord juste avant les marches de la descente ne suggère rien de plus conventionnel.
En outre, un salon symétrique et une cabine double dans le coqueron avant ne vous feront pas changer d'avis. Pourtant, en réalité, ce bateau est tout sauf ordinaire. Des surfaces d'un blanc brillant immaculé dominent le pavillon, les faces intérieures de la coque, les plans de travail et les armoires pour donner le genre de fraîcheur éblouissante que l'on attend de l'autre côté des portes nacrées.
Sur la version du Bellissima que nous avons testée, un éclairage vanille doux inonde uniformément l'arrière des casiers minimalistes à revêtement de cuir beige du salon et les façades des couchettes. Comme l'illustrent le site web et les brochures d'Italia, d'autres couleurs et combinaisons sont disponibles pour l'intérieur, ainsi qu'une version avec revêtement en carbone - tout cela est étonnant. Cela dit, ils sont toujours disponibles à 21 700 euros, mais c'est une option difficile à "désélectionner".
Le mât passe par l'extrémité arrière de la table fixe à lames rabattables du salon, ce qui permet de savoir à quelle distance en avant se trouve le salon dans ce bateau. Avec le mât, votre nouvelle référence, vous réalisez rapidement comment le poids a été centralisé. Du gros du salon à la station de navigation, en passant par la cuisine, les batteries, etc., ils sont tous assez proches du centre, ce qui améliore les performances dans une voie maritime tout en facilitant l'assiette du bateau à l'avant et à l'arrière.
En ce qui concerne l'assiette d'un côté à l'autre, les emménagements ont été délibérément conçus pour être symétriques afin de permettre l'empilement des voiles et de l'équipage lors des courses au large.
Mais le salon semble étroit et on se demande comment les voiles et le matériel peuvent s'encombrer, ce qui transforme les emménagements en un parcours d'assaut pour ceux qui vont vers l'avant pour hisser et emballer le spi.
En termes de qualité générale, l'Italia 11.98 est bien construit et bien fini, avec une sensation de robustesse tout autour, et bien qu'il soit impossible d'évaluer la robustesse au cours d'un test de bateau à air léger, l'attention portée aux détails dans les zones que j'ai pu voir était impressionnante.
En ce qui concerne la concurrence, le 11.98 est en plein dans le mille avec beaucoup de choses à défendre sur le marché des 38-40 pieds. Avec un prix qui commence à 220 000 euros hors taxes et qui monte à 317 000 euros dans sa version de course complète, l'Italia 11.98 est de bonne compagnie, mais il bénéficie d'un pedigree de course éprouvé.
Verdict
Sous le capot, l'Italia 11.98 est un bateau facile à comprendre - c'est un bateau de course ORC/IRC avec un amenagement. Il ne ressemble pas à un bateau de croisière de série et penser le contraire reviendrait à suggérer qu'un cabriolet Jaguar de type F ferait une bonne voiture de courses pour la famille. En Europe du Sud, c'est le cas, bien sûr, car le toit n'est jamais relevé, ce qui permet de monter facilement à bord pour le chargement hebdomadaire. Et c'est le cas avec le 11.98. Bénéficiant de meilleures conditions, les propriétaires méditerranéens ont toujours été heureux d'être vus en croisière dans des modèles élégants et racés qui peuvent offrir les performances que leur look et leur réputation leur permettent d'obtenir. En fin de compte, ce bateau plaira surtout à ceux qui ont en tête une course quelconque, avec une ou deux croisières en cours de saison. Si ce bateau était une voiture, ce serait une Alfa Romeo Giulia Quadrifoglio - audacieuse, élégante et amusante dès l'instant où vos mains prennent le volant.
Details
Starting price :€220,000 (ex. VAT)
LOA :11.98m (39ft 4in)
LWL :10.40m (34ft 1in)
Beam:3.98m (13ft 1in)
Draught :2.10m (6ft 11in)
Displacement (light) :6,200kg (13,669lb)
Ballast:2,000kg (4,409lb)
Sail area (100% foretriangle) :83.6m2 (900ft2)
Engine:30hp
Water capacity:200lt (44gal)
Fuel capacity:110lt (24gal)
Sail area / displacement ratio:25.2
Displacement / LWL ratio:154
July 23, 2020